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A notre princesse, à notre étoile, à notre Aimée

21 octobre 2015

21 octobre - 1er angiversaire

Ma douce Aimée,

Nous voilà donc à ce 21 octobre 2015. Cela fait aujourd'hui un an jour pour jour que tu as rejoint les étoiles. Nous célébrons donc ton 1er angiversaire. La journée touche à sa fin et je suis heureuse de voir que mes larmes n'ont presque pas coulées... signe que le temps a apaisé la peine et la douleur pour laisser place à la sérénité.

J'avais décidé de ne rien dire de particulier à personne en ce 21 octobre. Pour moi, la boucle avait été bouclée le 29 septembre dernier et finalement je ne ressentais plus le besoin de compter les mois jusqu'au 1 an de ton absence. Mais, bien sûr, j'avais prévu quelque chose en cette journée particulière : je voulais aller te voir au cimetière t'apporter une fleur et le soir avec papa et Tom, on allait lancer une lanterne volante jusqu'à ton étoile.

Bref, j'avais prévu de vivre cette journée pour moi, avec toi. Mais cela ne s'est pas tout à fait passer comme cela...

Tout a commencé dimanche, à l'anniversaire des 3 ans de Tom, lorsqu'au moment du départ, Céline m'a dit : "Je penserai fort à toi mercredi...". J'ai été très touchée et émue de cette attention à notre égard. Mais, sincèrement, je ne doutais pas de sa pensée. Il faut dire qu'avec ce qu'ils ont vécu avec Noah dernièrement, elle a compris certaines choses de notre histoire... 

Mais les plus grandes surprises sont arrivées ce matin. Lorsque je me suis réveillée, sur le téléphone, j'avais un message de ma maman qui me disait qu'elle pensait fort à nous et qu'elle nous aimait. Mon coeur n'a fait qu'un tour, je n'arrivais pas à y croire. En quasiment un an, jamais elle n'a fait allusion ni de près ni de loin à notre si dure épreuve et là, elle s'est manifestée. J'ai vu que j'avais fait du chemin depuis 6 mois car aucune colère, juste de la reconnaissance d'avoir envoyé ce message et beaucoup d'espoir pour la suite... Et puis, un peu plus tard, un message de Clémentine, une pensée pour nous en ce jour si particulier. Tu vois, finalement, je ne m'attendais plus à rien de personne et j'ai été agréablement surprise.

Je suis venue te voir au cimetière du coup ma belle, je t'ai apporté un gerbera rose très gros, il est magnifique. Il y avait plein de fleurs au jardin du souvenir, certainement parce que c'est bientôt la Toussaint mais c'est beau de voir que vous tous petits anges partis trop tôt, vous n'êtes pas oubliés...

Tu sais mon Aimée, quand je t'ai parlé et raconté le chemin parcouru, je pensais que j'allais pleuré beaucoup et ben non, j'ai même rigolé en te racontant nos histoires...

Et ce soir, lorsque l'on a lâché ta lanterne, elle a pris à moitié feu et n'a pas vraiment volé mais c'était beau malgré tout. Là encore, pas de larme, juste de douces pensées pour toi car tu as ta place juste là où il faut...

Que de chemin parcouru en un an. Certes je pensais que nous aurions davantage avancé dans la réalisation de nos projets familiaux mais je n'imaginais pas que je ne verserais plus de larme même dans un tel jour. Le temps a pansé la blessure, elle n'est plus à vif, elle laisse une jolie cicatrice qui me rappelle le coût de la vie.

Tu ne me manques plus comme avant, je suis heureuse, je vis avec mon passé pour mieux appréhender mon futur, notre futur. 

Ma douce, ma toute petite fille, je t'embrasse 

Maman

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2 octobre 2015

29 septembre, un an après l'annonce

Ma douce Aimée,

Bien longtemps que je n'ai rien écrit ! Comme je te l'avais dit, je viendrai quand j'en aurai besoin ou envie. Cela fait quelques jours que je voulais t'écrire mais je n'avais pas trop le temps et j'ai été malade mais aujourd'hui je prends ce temps important pour moi.

Tu sais que le temps s'écoule imanquablement et que nous ne pouvons rien y changer. Tu sais aussi que le temps apaise, panse les blessures les plus profondes. Mais tu sais aussi que le temps n'efface rien. 

Nous rentrons dans des dates fortes en symbole pour nous, je ne les vis pas de la même manière, pas avec la même intensité mais j'ai le sentiment que tant que ces dates symboliques ne sont pas passées, je ne pourrais pas aller de l'avant convenablement, que quelque chose me retient au passé. Je me retrouve entre deux eaux mais je me rapproche du bord et je vais pouvoir m'en sortir.

Nous venons de passer les 1 an de l'annonce de tes malformations. A l'heure actuelle, il y a un an nous enchaînions les rendez-vous médicaux pour savoir ce que tu avais, ce qui allait se passer, ce que l'on devait faire. Nous étions dans une période de flou terrible où ce qui nous tenait debout ce n'était plus nous mais une sorte d'instinct (de survie ?). Je ne sais pas encore à l'heure actuelle comment on a fait pour tenir mais le fait est là on a tenu et plutôt pas mal vu tout ce que l'on a pu mettre en place pour toi.

Je me suis rendue compte depuis la fin de mois d'août que je ressentais un sentiment nouveau qui m'a fait pleurer : j'ai regrété de t'avoir eu. Je m'en suis beaucoup voulu mais le fait est là, oui j'aurais préféré ne jamais avoir à vivre ça. Tu sais, j'ai désiré un bébé, nous t'avons conçu, nous avons appris, nous t'avons accompagné. Tout cela je ne le regrette pas car c'est ce que l'on devait vivre. Mais tout aurait été plus simple si ce 29 septembre on nous avait annoncé autre chose. Je me rappelle que je n'étais pas confiante quand je suis allée à cette échographie et je m'attendais à une mauvaise nouvelle. Mais pas celle là. Je pensais qu'on allait me dire que ton coeur s'était arrêté, que c'était fini. Bien sûr, j'aurais été anéantie, sidérée et effondrée d'une telle nouvelle car je te voulais par dessus tout mais je m'en serais remise. Mais le fait de m'avoir annoncé que tu étais vivante mais prisonnière d'un corps qui ne te permettait pas de vivre, ce n'est pas annoncer que tu n'es plus. C'est nous faire basculer dans un autre monde, celui de parents qui doivent prendre une décision pour leur enfant. On nous a demandé ce que l'on comptait faire et c'est bien normal, personne d'autre que nous ne pouvait décider de cela. Mais c'est l'annonce même de ta fin programmée qui m'a propulsée au statut de maman. On m'aurait annoncé que ton coeur ne battait plus, on en serait resté là, une fausse couche. Mais ce n'est pas ça qui nous a été dit et demandé. Ce n'est pas que c'est plus ou moins dur mais c'est que c'est différent. Quand j'ai fait ces deux fausses couches après toi, c'est dur, triste, injuste et tout ce que tu veux mais on le sait, ça peut arriver, et on ne décide pas d'arrêter. Ce qui m'a fait devenir ta maman c'est ce mot : DECIDER. Avant l'écho, je ne me projetais pas avec toi, je ne te considérais pas comme mon bébé, j'étais enceinte et on attendait l'écho qui allait nous autoriser à y croire. Après cette annonce, je me suis surprise à me poser des questions de maman "que vont-ils faire de ton corps", "es-tu une fille ou un garçon", "vas-tu souffrir", "quelles options sont possibles pour toi",... Et j'ai eu besoin de toutes ces réponses pour avancer et accepter de te laisser partir. C'est en cela que l'IMG diffère de la fausse couche. On nous a demander de choisir et de décider.

Tu sais Aimée, même si cette décision était évidente et vue de l'extérieur, il n'y avait pas à réfléchir (nous l'avons d'ailleurs bien senti, on a minimisé et on minimise encore aujourd'hui notre épreuve) mais ce n'est pas si simple quand on la vit. Je savais qu'il n'y avait pas d'espoir pour toi mais je n'en étais pas convaincu. Quand j'envoyais les nouvelles des RDV aux proches je leur dressais le tableau le plus noir pour les préserver et aussi pour me montrer que c'était très grave. Mais au fond de moi, il y avait quelque chose qui m'empêchait de me dire qu'il n'y avait pas d'autres solutions. Tu sais, le jour où j'ai appris que tu étais atteinte d'une translocation, c'était le mercredi précédent ton départ. Nous avions déjà signé les papiers, le RDV était pris mais quand la sage-femme m'a appelé et m'a dit "On a eu les résultats, on sait ce que c'est", j'ai eu une boule au coeur et j'ai cru qu'ils allaient pouvoir te sauver. Alors tu vois, même 15 jours après l'annonce de la gravité de tes malformations et même si on s'était fait une raison, j'y croyais encore un peu. Et là, c'est ce jour-là que j'ai compris que non c'était fini. La sage-femme m'a dit qu'ils n'avaient pas pensé à une translocation car tu n'aurais jamais dû t'accrocher avec ce que tu avais. Mais tu étais forte alors tu t'es accrochée et c'est pour cela que tout cela a un tout petit peu de sens aujourd'hui.

Mais oui ma princesse, j'aurais aimé que tu ne t'accroches pas, je n'aurais pas eu besoin d'être forte, pas eu besoin de pleurer autant, pas eu besoin de me sentir aussi seule et incomprise,... Mais la vie en a décidé autrement et j'assume cela, je n'aime pas les regrets et je préfère aller de l'avant en positivant et en rendant plus doux les épreuves passées, en les transformant en expériences de vie qui nous révèlent. Tu m'as beaucoup apporté alors c'est cela que je retiens, je te l'ai déjà dit mais si je garde le positif, il n'en est pas moins que tu as laissé une grande faiblesse en moi qui ne s'estompe pas vraiment. Je doute qu'elle disparaîsse totalement un jour. Une cicatrice en moi comme pour me rappeler chaque jour de me battre pour ceux que j'aime.

Aujourd'hui mon Aimée, nous allons arriver à ton premier angiversaire et je te demande de veiller sur nous de ton étoile et de nous permettre d'aller de l'avant. La roue va tourner, toutes les premières fois vont être passées et je veux que tu nous laisses nous reconstruire avec ton souvenir mais sans ton obsession. Nous avons fait ce que nous devions pour toi par amour, nous sommes tes parents mais la vie continue et laisse-nous la vivre. Nous ne t'oublierons jamais, nous ne te remplacerons jamais, nous défendrons ta petite existence auprès de nos proches trop mutiques sur le sujet dès qu'ils dépasseront les limites. Mais nous voulons avancer et avoir un troisième enfant, laisse-moi le porter, laisse-moi redevenir une maman.

Je t'aime ma princesse

Maman

 

21 juin 2015

8 mois et ton absence un peu plus forte !

Ma douce Aimée, ma princesse des étoiles,

En ce 21 juin 2015, cela fait 8 mois que tu nous as quittés. Depuis ce 21 octobre, il n'y a pas eu une seule journée où je n'ai pas pensé à toi mais tu le sais ces pensées sont bien différentes de ce qu'elles étaient au début. J'ai fait du chemin, beaucoup de chemin... Mais cela ne signifie pas que c'est gagné ! J'en suis arrivée au moment où je suis heureuse, simplement très heureuse de vivre. Au moment où je n'ai plus besoin de me forcer pour penser à toi positivement et pour ne pas pleurer. Au moment où je fais des projets à moyen et long termes. Mais j'en suis toujours au moment où des journées sont plus difficiles, des moments de vie sont plus délicats et des moments où ton absence est beaucoup plus pesante.

Aujourd'hui (enfin plutôt hier et aujourd'hui) est une journée plus difficile.

Tout à commencé hier alors que je ne m'y étais pas préparé. C'était le mariage de Mary et Guitou et lorsque j'étais enceinte de toi, nous nous réjouissions car nous savions que tu serais avec nous en ce jour, d'autant que nous leur aurions demandé d'être ton parrain et ta marraine... Mais hier, je n'ai eu que ton frère à habiller. Au moment où je l'ai regardé tout beau avec son costume et son chapeau, je me suis dit que j'aurais dû avoir une jolie petite robe à mettre à la plus belle des petites filles, à ma petite Charlotte ! Cela m'a fait un pincement au coeur... Pendant la soirée, au moment où a été projeté le diaporama sur les mariés, de voir des histoires de famille de cette manière là m'a fait penser que jamais je n'aurais la chance de voir un petit film retraçant ta vie. Je ne sais pas pourquoi cela m'est passé par la tête à ce moment-là... 

Aujourd'hui, deux événements ont été couplé ce qui a rendu la journée un peu morose mais je n'ai pas pleuré (je crois que c'est la première fois que la tristesse et les regrets de ton absence se sont manifestés si forts sans larme !). En ce dimanche, nous avons fêté les papas et que ce fut difficile d'honnorer ton papa sans toi auprès de nous. Tu étais présente dans nos pensées et notre coeur encore plus fort que d'habitude ! Heureusement que ton frère était heureux d'apporter ses cadeaux à ton père, cela a apaisé sa peine (et la mienne).

Aujourd'hui, c'était aussi le jour de commémoration des 8 mois de ta naissance et de ton envol... Comme tous les mois, j'ai mis mon petit mot et j'ai parlé à ta boîte ! Je suis encore beaucoup dans le symbole... mais cela me fait du bien car je vois le chemin parcouru depuis.

Demain, est un autre jour, je penserai toujours à toi mais moins symboliquement je pense. Je suis heureuse aujourd'hui de voir que tu as ta place parmi nous, pour ton papa, pour ton frère (à sa mesure bien sûr) et pour moi ta maman.

Je t'aime ma princesse, mon étoile, mon Aimée. Tendrement,

Maman

31 mai 2015

Fête des mères

Ma douce petite Aimée,

Aujourd'hui est une drôle de journée car c'est la fête des mères. C'est ma troisième fête des mères avec ton frère et ma première pour toi. Mais quelle première, si particulière, si inattendue... Je ne savais pas comment elle allait se passer. Pour être honnête, je n'y avais même pas pensé et ce matin, au réveil, ça m'a fait tout drôle et ça m'a rendue triste également. Ces derniers temps je n'avais pas ressenti de tristesse alors ça m'a encore plus saisie.

Tom m'a offert ses petits cadeaux (merci à papa et à mamie-papi) avec un si beau sourire... C'est la première fois qu'il comprend qu'il m'offre des cadeaux pour une raison particulière. Et oui, en un an il a bien grandi... Il n'arrêtait pas de me faire des bisous et des câlins. C'était magique. Et puis tout cet amour qu'il m'envoyait en me regardant m'a rappelé que j'aurai dû avoir un autre bébé dans mes bras pour me sentir encore plus fière d'être maman. Mais tu n'es pas là ma douce, pas dans mes bras en tout cas. Mais tu étais, tu es parmi nous ma princesse d'une autre manière. Ton papa y pensait également très fort en choisissant ce joli pendantif à votre effigie (deux cercles accrochés ensemble, une jolie fraterie...). Ca me fait chaud au coeur de voir que malgré le temps qui passe, l'amour que l'on te porte ne diminue pas, ne s'efface pas... 

Mon Aimée, je pense que cette fête des mamans là je m'en rappellerais toute ma vie, comme de la première pour Tom... C'est ça être une maman, et aujourd'hui encore est une preuve qu'à mes yeux tu es ma toute petite fille, tu fais vraiment partie de notre famille ma princesse. Ca, j'en suis vraiment fière !

Je t'envoie plein de baisers volants jusqu'à ton étoile, celle qui brillera encore plus fort ce soir juste pour moi... Je t'aime,

Maman

29 avril 2015

Contre le silence, les mots

Aujourd'hui ma princesse des étoiles, je crois que je continue à ressentir de nouveaux sentiments, que j'arrive à mettre des mots sur tout ce qui m'est difficile. Je me rends compte Aimée que finalement j'ai peu parlé de toi, je veux dire vraiment de toi, aux personnes qui me sont chères. Avec ton papa, j'en parle sans pleurer aujourd'hui, pareil avec la psy mais finalement, avec les autres, c'est tellement peu souvent que j'ai du mal. 

Je ne voulais pas que tu deviennes un sujet tabou mon Aimée, je ne voulais pas qu'on te taise ma princesse mais il faut se rendre à l'évidence, la plupart de nos proches ne sont pas à l'aise avec tout cela. Ils ne veulent certainement pas nous blesser mais c'est vrai que pour moi ce silence est pire que tout. On me dit souvent "Je n'ose pas t'en parler de peur que ça te fasse du mal". Mais finalement, c'est ne pas en parler qui fait du mal. Avant, il y avait plein de sujet que l'on pouvait aborder naturellement et les enfants, les bébés en faisaient partis. Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'on n'ose plus dire certaines choses et une distance s'installe. 

Je n'ai pas encore dit à nos proches que j'ai commencé ce blog. Il n'y a que ton papa et les copines de Petite Emilie qui le savent. Peut-être qu'aujourd'hui c'est le bon moment pour l'annoncer. J'espère que les mots que nos proches ne peuvent pas nous dire pour x raisons que je comprends (moi-même je pense que je ne saurais pas comment faire, comment réagir et que dire) ils pourront ici les écrire. J'espère qu'ils entendront ce besoin que j'ai d'avancer en sachant que tu n'es pas oubliée. 

Tendres bisous ma douce Aimée, 

Maman

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21 avril 2015

Lettre lue au cimetière le 21 avril 2015

 

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Ma douce Aimée,

Voici qu’est arrivé ce fameux mois d’avril. Le mois qui était au départ celui des promesses, de la joie et du mystère de ta venue. Mais la vie en a décidé autrement. C’est un bien étrange anniversaire que l’on célèbre aujourd’hui : celui de ta non-venue au monde en vie et celui des six mois de ton envol.

Chaque jour, ma princesse des étoiles, je pense à toi. Tu es et resteras pour toujours mon deuxième enfant et ma première fille. Nous avions avec ton papa imaginé une autre histoire. Nous avions des désirs, des rêves, des projets pour toi et tout s’est arrêté si soudainement, si brusquement. J’ai, ce 29 septembre 2014, senti le sol s’ouvrir sous mes pieds. Tout s’est écroulé autour de moi : la confiance en la vie, la joie de te porter, le bonheur d’être maman à nouveau. Mais il a fallu relever la tête et être forte pour toi mon Aimée. Toi qui n’avais rien demandé, toi qui grandissais en moi, toi qui étais notre fille. Je me suis laissée guider par mes émotions, mon ressenti et ce que je crois être mon instinct de maman. Je ne savais pas forcément ce que je voulais mais je savais parfaitement ce que je ne voulais pas. J’ai tout de suite senti qu’autour de moi, si je ne faisais rien, tu allais passer pour une simple fausse couche ou pire encore pour un banal accident. Cela, tu te doutes, je ne pouvais pas m’y résoudre. J’ai senti que ton papa était perdu, qu’il avait du mal à réaliser et à faire face. Je n’ai pas été plus forte que lui simplement je crois que, c’est parce que c’est moi qui te portais, j’ai su. J’ai su qu’il fallait te donner la place que tu méritais au sein de notre famille, de ta famille. A ce moment-là, tout s’est enchaîné dans ma tête. Il fallait que l’on te donne un prénom en lien avec ton histoire comme un symbole contre cette injustice. Il fallait aussi que ce prénom soit mixte car nous ne connaissions pas encore ton sexe. Il m’est apparu comme une évidence, une révélation : Aimée. Le plus exacte des sentiments que nous éprouvions pour toi. Un mot qui résumait tout. Il a fallu aussi que tu viennes au monde. Les médecins m’ont parlé d’un curetage car j’étais « dans les temps » mais une telle idée m’a horrifiée. Je n’étais pas malade, j’étais enceinte et ils voulaient m’opérer ! Non, impossible ! Tu devais avoir l’honneur de naître comme tous les enfants, comme ton grand frère. Je devais te mettre au monde. Ton papa n’était pas très à l’aise avec cette idée mais sachant que c’était le mieux pour toi et moi, je ne lui ai pas laissé le choix ! Finalement, il ne l’a pas regretté. Le plus dur a été de commencer à parcourir la législation et me rendre compte qu’en-dessous de 15 SA les bébés partis trop tôt n’avaient pas leur place dans le livret de famille. Pour moi, c’était un nouvel affront à notre statut de parents, un coup de poignard dans cette plaie béante. Comment pouvaient-ils penser que tu n’avais pas ta place ? Ce qui était encore plus dur c’est que tu n’aurais pas eu ta place pour quelques jours… Lorsque j’ai dit cela à ton père, il a tout de suite compris, sa douleur était telle qu’il n’a pu me dire que « Tu ne veux quand même pas attendre ?... » Mais si, je le veux. Ce qui l’a fait changer d’avis c’est lorsque je lui ai parlé du prochain enfant que l’on aurait et que je lui ai demandé si ça ne l’embêterait pas qu’il soit inscrit en tant que deuxième enfant. Là, les choses étaient différentes et nous sommes tombés d’accord, d’autant que le 18 c’était l’anniversaire de ton frère… Autour de nous, la famille et les amis ont eu pour la plupart beaucoup de mal avec tous ces souhaits. Ils trouvaient cela malsain, excessif voir même un peu maso. Mais rien n’avait d’importance hormis toi mon Aimée.

Les jours qui ont précédé ton envol, je les ai vécus pleinement avec toi. J’étais heureuse de te porter, fière de t’avoir en moi. Je t’ai fait écouter des musiques que j’aimais. Je me rappelle de deux chansons en particulier qui, aujourd’hui encore, me font penser à toi : Lemon tree de Fool’s Garden et The show must go on de Queen. Ces deux musiques sont passées plusieurs fois pendant les trois semaines qui ont précédé ton départ. Je les connaissais d’avant mais à ce moment-là, je les ai écoutés différemment et elles m’ont touchée au plus profond de moi…

Pendant ces trois semaines, je t’ai également raconté la vie : les arbres verts qui hébergent les oiseaux, le vent faisant danser les feuilles, les rayons du soleil réchauffant nos visages… Bref, ce que je voyais et ce dont tu serais privée à jamais. J’aurais aimé te faire goûter tous les plats que j’affectionne mais certains aliments n’étaient pas compatibles avec la grossesse et je souhaitais te respecter jusqu’au bout.

Je me suis également mise en quête d’un doudou, ce qui n’était pas une mince affaire car des tout-petits doudous ça ne courent pas les rues ! Finalement, je l’ai trouvé quelques jours seulement avant le 21. Le même jour que ta petite serviette brodée d’ailleurs. Ce si beau doudou plat qui était encore trop grand pour toi mais qui, lorsque je le regarde, me fait tant penser à toi, me réchauffe le cœur et me donne le courage de continuer à me battre pour la vie.

 

Et puis, il fallait bien, mais le 21 est arrivé. Ce fut une journée si particulière. Je n’en garde pas un mauvais souvenir mais je qualifierais cette journée comme hors du temps. J’ai essayé d’être digne jusqu’au bout mon Aimée. J’ai trouvé tellement difficile ma princesse de ne rien ressentir, de ne pas sentir ce vide en moi une fois que tu étais partie… Notre rencontre n’a pas pu se faire immédiatement et je m’en excuse auprès de toi. Je savais que je ne te verrais qu’une fois et peu de temps alors je ne voulais pas rater notre seule et unique rencontre. J’étais paralysée par cette fichue péridurale et ce jusqu’à 20h environ alors, ne pouvant me mouvoir à ma guise, j’ai préféré attendre pour te voir. Ton papa, lui, ne savait pas encore ce qu’il ferait. Finalement, c’est lui qui vers 20h30 ce soir du 21 octobre m’a demandée si on pouvait te voir ensemble.

Tu étais si belle mon Aimée, belle aux yeux de ta maman, belle comme une petite étoile envolée trop tôt. Personne n’aura jamais le loisir de te voir. Je ne pense pas montrer tes photos à quiconque, ils ne pourraient pas voir cette beauté que j’ai vu… Je n’ai pas osé te toucher ma princesse de peur de t’abîmer mais je t’ai frôlée et le doux baiser que j’ai posé sur ton linceul avant que tu nous quittes fut l’un des moments les plus intenses de toute ma vie.

 

Puis ce fut l’heure de la reconstruction, de l’acceptation de ton absence, de ce deuil impossible. Tu sais à quel point ce fut, non, c’est difficile ! Nous avons souhaité retenter d’avoir un autre enfant mais par deux fois cela a échoué. Tu as à présent deux petites poussières d’étoile à tes côtés, tu n’es plus seule…

Aujourd’hui mon Aimée, une page se tourne et j’ai à nouveau l’envie de Vivre et de dévorer la vie à pleines dents. Je n’ai plus rien à faire à ton égard car tu vis déjà en moi, tu fais partie de moi. J’avais le sentiment qu’en te laissant t’envoler, mon cœur s’était vidé mais c’était pour mieux se remplir de toi une fois la colère, la tristesse et l’injustice passées. Je suis désormais plus riche de toi mon Aimée, dans mon cœur et dans tout mon être.

Aujourd’hui j’ai accepté ton départ en reconnaissant à voix haute que je n’avais pas voulu tout cela et que si tout avait été différent, tu aurais porté un autre prénom que j’ose t’écrire tellement il est beau : Charlotte. Comme je suis heureuse d’être en paix dans mon cœur et dans ma tête. Comme cela me fait du bien de ne plus culpabiliser pour avoir voulu une autre vie que celle qui a été la tienne. J’avais peur qu’en acceptant ces rêves qui n’avaient pu être réalisés, je t’aimerais moins toi mon Aimée, ma fille. Mais c’est tout l’inverse. Je viens de faire le deuil de l’enfant rêvé pour t’accepter toi telle que tu es. Aujourd’hui je suis fière de dire que j’ai deux enfants, je suis fière d’être ta maman, je suis fière de notre famille à quatre qui est ma plus belle réussite.

Avec ton papa, nous avons le projet d’avoir un troisième enfant. Je ne sais pas quand nous commencerons mais je suis certaine que cela ne changera rien ni à l’amour que nous avons pour toi, ni à la place qui est la tienne dans cette famille.

 

Ma princesse, mon étoile, mon Aimée… ma toute petite fille, je te laisse t’en aller et reposer en paix. Je t’aime par-delà les étoiles d’un amour inconditionnel, d’un amour de maman.

21 avril 2015

Visite au cimetière

Aujourd'hui mon Aimée j'ai enfin trouvé le courage de venir de voir. Comme je te le disais, une page se tourne et cette fois-ci c'était la bonne. Car j'ai essayé plusieurs fois de venir jusqu'à ce jardin du souvenir mais là je l'ai fait jusqu'au bout. 

Lorsque tu es partie, j'ai eu tout de suite besoin d'aller me recueillir. Mais tu n'y étais pas encore... C'était au moment où chaque jour passé était une épreuve à vivre, où chaque journée terminée était une grande victoire. J'avais tant de choses à te dire à ce moment-là... J'aurais aimé qu'on me dise que cela pouvait être long ma princesse... Peut-être aurait-on fait différemment, ou tout du moins j'aurais su... Tu as enfin trouvé ta dernière demeure à la fin du mois de novembre, autour du 25, cela faisait déjà plus d'un mois que tu étais partie... Comme cela a été long, comme cela fut difficile.

Au début, je ne voulais pas te rendre visite seule. Je savais que je n'étais pas assez forte, que j'en étais incapable. Je voulais que ton papa m'accompagne, qu'on vienne te voir tous les deux. Mais lui ne pouvait pas, je ne sais pas si un jour il pourra d'ailleurs, je ne lui en veux pas il pense à toi différemment et t'accompagne à sa manière. Je n'ai pas osé demander à quelqu'un d'autre de m'accompagner. Aujourd'hui, je ne le regrette pas mais je crois que j'aurais dû... En fait, je crois surtout que j'aurais aimé que quelqu'un me propose d'y aller avec moi mais on ne peut pas demander aux autres ce que l'on veut faire soi-même. Peut-être d'ailleurs que certains auraient souhaité ou souhaitent encore y aller (j'espère qu'ils n'hésiteront pas à le demander). Je n'ai jamais proposé à personne, peut-être par pudeur ou par crainte d'essuyer un refus (peut-être les deux d'ailleurs...).

Début janvier, j'avais enfin compris que c'était à moi de venir te voir si j'en avais besoin et j'avais calculé un temps pour me rendre au cimetière avant un énième RDV à l'hôpital. Tout était prêt dans ma tête sauf qu'après avoir tourné une bonne vingtaine de minutes dans le cimetière, je n'ai rien trouvé. J'ai fini par rencontrer le gardien qui m'a dit que c'était au crématorium, c'est sûr que je ne pouvais pas trouver ! Du coup, il était trop tard (peut-être que ça m'arrangeait au fond), et je suis partie à mon RDV.

Après les choses se sont enchaînées. Je suis passée par une période de moins bien où le courage de venir n'étais plus du tout présent. Et là j'ai vraiment commencé à m'en vouloir de ne pas oser franchir le pas. Et puis, dans mon mois du renouveau et de l'espoir renaissant, cela m'est apparu comme une évidence. J'avais besoin de t'écrire une lettre te racontant les espoirs que j’avais, le chemin qui nous a menés à l’IMG et notre reconstruction. Cette lettre, il fallait que je te la lise et à part au jardin du souvenir, là où tu reposes, je ne savais pas où le faire. Il fallait aussi que je t'apporte un petit quelque chose qui dure : un moulin à vent et ton doudou (bon je l'avoue on en a acheté un autre car je ne pouvais toujours pas me résoudre à ne plus l'avoir !).

Cet après-midi, sous un merveilleux soleil, je suis donc venue te rendre visite. Je t'ai parlé comme une maman parle à sa fille, puis je t'ai lu cette fameuse lettre. J'ai pleuré mais ces larmes me libéraient, je me sentais plus légère au fur et à mesure. Je n'ai pas pu laisser le moulin à vent et ton doudou dans le jardin du souvenir (ils enlèvent tout une fois par semaine pour garder l'endroit sobre) alors je suis allée déposer comme d'autres mes petits présents sur la butte (j'espère qu'ils y resteront...). Je suis repartie très fière de moi, le sentiment du devoir accompli. 

Je ne sais pas si je viendrais souvent là-bas. Je n'ai pas besoin d'un lieu particulier pour penser à toi et les cimetières ne sont pas ma tasse de thé (bon tu me diras qui en raffole ?). Mais si je ressens le besoin de me recueillir je reviendrais te voir. 

Je t'aime mon Aimée,

Maman

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21 avril 2015

21 avril - 6 mois que tu t'es envolée

Ma douce Aimée,

Tu es partie avant d'avoir vécu,tu as vécu avant de naître et mon coeur qui saignait de cette absence de toi aujourd'hui est pansé. Les mots apaisent les maux, là où le silence les enfonce dans l'abîme.

Cela fait aujoud'hui six mois que tu t'es envolée... C'est un jour particulier pour moi, j'avoue que je l'appréhendais beaucoup et finalement, il s'est bien passé et m'a fait même beaucoup de bien. 

Aujourd'hui je regarde derrière mois pour voir le chemin parcouru depuis ces six derniers mois. En apparence, rien a changé mais dans ma tête, dans mon corps et dans mon coeur, tout a changé. Je suis heureuse comme jamais je n'avais été, un bonheur simple mais si reposant... Je me réjouis de ce qui m'entoure et cela me fait du bien. 

Tu m'as tellement apporté mon Aimée, bien au-delà de ce que je pouvais espérer... Tu m'as fait un merveilleux cadeau : l'optimisme. C'est tout nouveau pour moi de voir le bon côté des choses, mais comme c'est reposant ! Je m'en doutais mais ne l'ayant pas franchement expérimenté personnellement, je ne savais pas à quel point ! 

Mon Aimée, cette demi-année passée sans toi m'a semblée longue. Je suis passée par de multiples sentiments mais aujourd'hui cela va mieux. Enfin, je vais bien. Je ne peux pas changer le passé alors je préfère ne pas m'attarder sur "est-ce que je regrette ce qui s'est passé". Je préfère me concentrer sur ce que tu m'as apporté et sur ce que je veux faire de ma vie. Vivre plutôt que sombrer. Espérer un avenir plus clément plutôt que me lamenter sur ce que je n'ai pas eu. Ce n'est pas que je t'oublie ou que je suis passée à autre chose, point du tout ! C'est que malgré tout, malgré l'horreur de t'avoir perdu, la vie reste belle et un merveilleux cadeau.

Tendrement,

Maman.

19 avril 2015

19 avril - DPA

Nous voilà ma douce Aimée le 19 avril, le jour de ta DPA. Tu aurais dû être parmi nous aujourd'hui. Tu aurais dû commencer ta vie sur la planète Terre. Tu aurais dû ouvrir tes grands yeux sur ce monde qui nous entoure. Tu aurais dû pouvoir te blottir dans les bras de ton papa et dans les miens. Tu aurais dû être la merveille que tout le monde attendait, espérait, aimerait.

Mais la vie en a décidé autrement. Elle a décidé que nous devions nous rencontrer différemment. Elle a décidé que ton coeur ne battrait jamais en dehors de mon ventre. Elle a décidé que tu ne vivrais que dans nos souvenirs, dans nos coeurs et nos esprits. Mais là, sois-en sûre, tu es bien vivante.

Cette journée est particulière mais je l'ai passée sans trop de difficulté. J'ai un peu plus pensé à toi mais comme tout ce mois à vrai dire...

Je t'aime ma douce Aimée, je t'envoie des baisers volants jusqu'à ton étoile.

Maman

17 avril 2015

Pourquoi ce blog ? Pourquoi maintenant ?

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Cette semaine je me suis trouvée différente, j’ai senti que quelque chose se passait, qu’une page allait se tourner.

Est-ce parce que la DPA était pour ce dimanche 19 avril ? Est-ce parce que mardi 21 cela fera six mois que tu es partie ? Est-ce parce que je viens de faire un pas dans mon deuil ? Je ne sais pas, peut-être tout cela à la fois, peut-être encore autre chose que je n’identifie pas mais c’est différent.

Pour autant ma princesse des étoiles, je ne t’oublie pas mais je pense à toi différemment. Je pense à toi avec joie, amour et tendresse. Trois sentiments qui m’avaient un peu abandonnée ces derniers mois…

J’ai toujours souhaité qu’on ne t’oublie pas. J’avais demandé à nos proches dans le message annonçant ton envol « qu’ils fassent que ta petite vie résonne dans l’éternité ». Aujourd’hui, avec ce blog, je crois que c’est ce que je veux faire. Je souhaite que malgré ton absence physique tu vives autrement, dans nos mémoires, dans nos cœurs.

J’aimerais que les personnes qui nous sont chères puissent ici comprendre ce que nous avons vécu et vivons encore, osent peut-être exprimer ce qu’elles ont sur le cœur et puissent nous aider à te faire vivre.

Ce blog je te le dédie mon Aimée, ma fille. Tous les messages laissés ici te seront destinés. L’écriture est pour moi le plus merveilleux des remèdes. Moi qui aie toujours rêvé d’écrire et être lu des autres, voilà que tu me permets de le réaliser. Encore un merveilleux cadeau que tu me fais ma douce Aimée.

Je ne sais pas à quelle fréquence ce blog sera alimenté, cela se fera au rythme de ce que l’on vivra, de ce que j’aurai besoin et envie de partager avec toi et avec nos proches. Pas d’obligation, juste un bulle d’air quand cela sera nécessaire.

 

Avec tout mon amour,

Ta maman

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A notre princesse, à notre étoile, à notre Aimée
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